Née en 1990 à Cotonou (Bénin)
Vit et travaille à Paris (France)
Mawena Yehouessi est une curatrice, autrice, chercheuse et artiste, travaillant sur le collage, l’afrofuturisme et les études noires. Fondatrice du collectif Black(s) to the Future lancé en 2015, elle a notamment collaboré auprès de : Spectres Production, la 72e Berlinale et le Collectif Jeune Cinéma ; La Fondation Pernod-Ricard, Les Ateliers Médicis et la Triennale de Dunkerque ; Tanzhaus Zürich, deSingel (Anvers) et LAS/Berghain (Berlin) ; le Beursschouwburg (Bruxelles) et la Biennale de Kinshasa ; la HEAD (Genève), les ENSA de Bourges, Paris-Malaquais et Paris-Cergy ; les éditions Brook, la dark school, le symposium Black Portraitures III ou encore le Centre International de Poésie de Marseille.
Mawena Yehouessi a étudié la philosophie, la littérature et la gestion de projets culturels en classes préparatoires puis à l’université, ainsi que la musique et la danse au conservatoire. Cependant, c'est en dehors des cadres académiques qu'elle forge son approche autodidacte de l'image et de l'exposition. Ainsi sa vision se nourrit-elle aussi bien d’une pluralité de références culturelles ouest-africaines que de la culture populaire occidentale des années 90 à 2000, en passant par le cinéma underground et grâce à ses nombreuses expériences comme vendeuse en magasin, caissière, modèle nu, dogsitter ou serveuse, bien avant de sonder les milieux de l’art contemporain. Ayant fini son doctorat à la Villa Arson et l’Université Côte d’Azur en 2024, sa pratique prend des formes indistinctement théoriques ou poétiques, favorisant néanmoins toujours les propositions collectives. Elle préfère aux principes d'inclusion ceux de superposition et d’immixtion (parfois même jusqu’à l’excès) et dit d’ailleurs appartenir « à ces générations d’inclassables et de déclassé*es dont les réalités, pratiques, mondes et métiers sont une succession de slashes, de (sous-)communes et de déplacements».
Intitulée « Poïéthiques afrofuturistes. Trimer trames à l’intersection du collage et de la curation», c’est dans le contexte de sa recherche doctorale que Mawena Yehouessi réalise Sol in the Dark (2019-2022) aux côtés d’artistes qu’elle invite ; à l’instar de l’installation chorégraphique NSNAMDLM (2020-2023) et des deux expositions The Fire Next Time et before they were none (2023). Engagée à valoriser et transmettre, tout en continuant de co(n)générer des formes– conceptuelles et artistiques associant le renouvellement des canons esthétiques à de fortes motivations éthiques : elle n’envisage toutefois pas les projets de ce corpus comme de simples ramification de sa thèse, mais les outils d’une intervention politique en acte. Car c’est, à chaque fois, par la réunion des imaginations portées par la pluralité des adresses et des voix qu’elle mobilise (le collage), qu’elle espère contribuer à des modes d’agencements collectifs et de réparations différemment « communes-aux-terres » (la curation).
Autrement dit, rallier, assembler et faire-ensemble sont pour Mawena Yehouessi une démarche proactive qui vise à déjouer les (infra)structures hégémoniques et leurs attentes institutionnelles stéréotypées quant aux im.possibilités pouvant naître de la rencontre de différentes personnes, histoires, épistémologies, échelles et lieux – y compris antagonistes. A travers ce mot-valise composé à partir des notions d'éthique et de poïétique, la poïéthique qu’elle défend se veut donc une manière de reconfigurer les imaginaires par la circulation des images, la plasticité des idées et la redistribution des signifiants, pour le déploiement de stratégies d’émancipation intersectionnelles autrement marginalisées, voire dénigrées – et en particulier des alternatives décoloniales, antiracistes et queer.