L’IAC, qui place depuis sa création la recherche au cœur de ses activités, se présente ponctuellement comme lieu de l’Otium, un laps de temps intermédiaire où sont proposés des projets artistiques ; un temps de réflexion, de méditation, éloigné d’un quotidien, une respiration inscrite dans la programmation même.
En juin 2015, l’IAC a proposé OTIUM #1, composé de deux volets : De Mineralis, pierres de visions & Kata Tjuta.
En décembre 2015, l’IAC présente le projet collectif Demain dans la bataille pense à moi qui rassemble des artistes français et internationaux.
En juin 2015, l’IAC a proposé OTIUM #1, composé de deux volets : De Mineralis, pierres de visions & Kata Tjuta.
En décembre 2015, l’IAC présente le projet collectif Demain dans la bataille pense à moi qui rassemble des artistes français et internationaux.
Demain dans la bataille pense à moi se construit dans un collage d’idées, d’œuvres et d’émotions en écho au roman éponyme de l’écrivain espagnol Javier Marías (Éd. Rivages, 1996).
Cette exposition se développe moins autour de l’intrigue du roman qu’elle s’intéresse à sa construction. La trame narrative suit un chemin sinueux, à l’image des agissements du personnage qui, bien que principal, reste périphérique à l’action qu’il subit et oriente en même temps, observateur autant qu’acteur, témoin et protagoniste.
Venant perturber une action déjà hésitante, l’apparition récurrente de ces vers détournés de Richard III de Shakespeare scande le récit :
Demain dans la bataille pense à moi, et que ton épée tombe émoussée !
Demain dans la bataille pense à moi, quand j’étais mortel, et que ta lance tombe en poussière.
Que je pèse demain sur ton âme, que je sois un plomb dans ton sein et que finissent tes jours dans une sanglante bataille.
Demain dans la bataille, pense à moi, désespère et meurs.
Ces mots viennent et reviennent pour devenir ritournelle, comme si le narrateur essayait indéfiniment de se souvenir des mots exacts ou de comprendre leur implication. Dans son errance rythmée par cette litanie, il devient son propre double et tente de suivre l’action, en fantôme de sa propre histoire.
Incantatoire, aspirant au sublime, cette anaphore sous-tend l’exposition comme une promesse à tenir.
Elle lui donne ce titre lyrique, qui reste ouvert à des lectures multiples et à une appropriation subjective.
C’est de force manifeste dont il s’agit, d’énergie et de ténacité. Une injonction à tenir les choses, à essayer et essayer encore, parfois jusqu’à l’absurde.
La figure de Sisyphe apparaît dans deux vidéos de Mel O’Callaghan. Dans Ever Tried, Ever Failed, 2008, non présentée ici mais point d’ancrage du projet, on découvre une figure solitaire escaladant la falaise d’une chaîne de montagnes, grimpant seulement pour chuter, dévaler sens dessus-dessous. Cet homme sans visage devenant ici, en quelque sorte, la pierre au centre du mythe.
Ce même processus est rejoué dans l’installation Ensemble, 2013, où la situation est renversée. Dans l’une, l’homme devient l’élément naturel qui l’entrave ; dans l’autre, l’affrontement de l’homme s’opère moins contre ses semblables que contre l’eau elle-même. Du mythe revisité découle l’idée d’une évolution dans la répétition, envisagée positivement, l’homme allant de plus en plus loin, en quête d’une évolution incessante soutenu par un espoir toujours renouvelé.
On retrouve ce mouvement dans les sculptures de Vanessa Billy dans lesquelles les formes se démultiplient dans l’espace, évoluent de l’une à l’autre, comme plusieurs arrêts sur image d’une mutation en cours.
Cette répétition implique une tension, une énergie, ici vibrante, qui se développe jusqu’à ce point de balance, d’équilibre, qui n’atteint jamais la rupture.
Les éléments et matériaux qui constituent les œuvres sont chargés de sens, allant du plus lourd (la pierre de Katinka Bock) aux limites de l’apesanteur (le ballon d’hélium de Bruno Persat). Par l’assemblage, les artistes révèlent ou induisent leur puissance. Les compositions sont tantôt compactes, tantôt abstraites. Peter Buggenhout combine ainsi plusieurs éléments issus de la réalité, matériaux de récupération recouverts de matière organique qui semblent tout à coup se tenir dans un équilibre précaire chargé.
Dario D’Aronco et Maurice Blaussyld, d’une autre manière, assemblent différents éléments qui agissent les uns sur les autres de façon presque abstraite. Ces imbrications, proches du collage en volume, appellent le visiteur tout en semblant se dérober à lui.
Enfin, un moment de calme, une pause, dans un paysage nébuleux.
Des paysages apparaissent, autant dans le dessin mural réalisé à coup de ballons par Bruno Persat que dans les jardins à la française aux arbres devenus rochers de Maria Loboda.
Il y a dans l’interstice un temps de repos qui réunit l’oscillation des chaises suspendues de Julien Crépieux, face à un paysage, au flottement d’un ballon-bibliothèque (Bruno Persat).
Ainsi, une tension émerge des œuvres présentées dans l’exposition, dans une violence contenue, à fleur de peau.
L'exposition en images
Cette exposition se développe moins autour de l’intrigue du roman qu’elle s’intéresse à sa construction. La trame narrative suit un chemin sinueux, à l’image des agissements du personnage qui, bien que principal, reste périphérique à l’action qu’il subit et oriente en même temps, observateur autant qu’acteur, témoin et protagoniste.
Venant perturber une action déjà hésitante, l’apparition récurrente de ces vers détournés de Richard III de Shakespeare scande le récit :
Demain dans la bataille pense à moi, et que ton épée tombe émoussée !
Demain dans la bataille pense à moi, quand j’étais mortel, et que ta lance tombe en poussière.
Que je pèse demain sur ton âme, que je sois un plomb dans ton sein et que finissent tes jours dans une sanglante bataille.
Demain dans la bataille, pense à moi, désespère et meurs.
Ces mots viennent et reviennent pour devenir ritournelle, comme si le narrateur essayait indéfiniment de se souvenir des mots exacts ou de comprendre leur implication. Dans son errance rythmée par cette litanie, il devient son propre double et tente de suivre l’action, en fantôme de sa propre histoire.
Incantatoire, aspirant au sublime, cette anaphore sous-tend l’exposition comme une promesse à tenir.
Elle lui donne ce titre lyrique, qui reste ouvert à des lectures multiples et à une appropriation subjective.
C’est de force manifeste dont il s’agit, d’énergie et de ténacité. Une injonction à tenir les choses, à essayer et essayer encore, parfois jusqu’à l’absurde.
La figure de Sisyphe apparaît dans deux vidéos de Mel O’Callaghan. Dans Ever Tried, Ever Failed, 2008, non présentée ici mais point d’ancrage du projet, on découvre une figure solitaire escaladant la falaise d’une chaîne de montagnes, grimpant seulement pour chuter, dévaler sens dessus-dessous. Cet homme sans visage devenant ici, en quelque sorte, la pierre au centre du mythe.
Ce même processus est rejoué dans l’installation Ensemble, 2013, où la situation est renversée. Dans l’une, l’homme devient l’élément naturel qui l’entrave ; dans l’autre, l’affrontement de l’homme s’opère moins contre ses semblables que contre l’eau elle-même. Du mythe revisité découle l’idée d’une évolution dans la répétition, envisagée positivement, l’homme allant de plus en plus loin, en quête d’une évolution incessante soutenu par un espoir toujours renouvelé.
On retrouve ce mouvement dans les sculptures de Vanessa Billy dans lesquelles les formes se démultiplient dans l’espace, évoluent de l’une à l’autre, comme plusieurs arrêts sur image d’une mutation en cours.
Cette répétition implique une tension, une énergie, ici vibrante, qui se développe jusqu’à ce point de balance, d’équilibre, qui n’atteint jamais la rupture.
Les éléments et matériaux qui constituent les œuvres sont chargés de sens, allant du plus lourd (la pierre de Katinka Bock) aux limites de l’apesanteur (le ballon d’hélium de Bruno Persat). Par l’assemblage, les artistes révèlent ou induisent leur puissance. Les compositions sont tantôt compactes, tantôt abstraites. Peter Buggenhout combine ainsi plusieurs éléments issus de la réalité, matériaux de récupération recouverts de matière organique qui semblent tout à coup se tenir dans un équilibre précaire chargé.
Dario D’Aronco et Maurice Blaussyld, d’une autre manière, assemblent différents éléments qui agissent les uns sur les autres de façon presque abstraite. Ces imbrications, proches du collage en volume, appellent le visiteur tout en semblant se dérober à lui.
Enfin, un moment de calme, une pause, dans un paysage nébuleux.
Des paysages apparaissent, autant dans le dessin mural réalisé à coup de ballons par Bruno Persat que dans les jardins à la française aux arbres devenus rochers de Maria Loboda.
Il y a dans l’interstice un temps de repos qui réunit l’oscillation des chaises suspendues de Julien Crépieux, face à un paysage, au flottement d’un ballon-bibliothèque (Bruno Persat).
Ainsi, une tension émerge des œuvres présentées dans l’exposition, dans une violence contenue, à fleur de peau.
L'exposition en images